Aujourd’hui, je te parle d’un obstacle majeur auquel sont confrontées bon nombre de travailleuses indépendantes ou de porteuses de projets.
Il ne vient pas de l’extérieur mais bien d’elles-mêmes – ou plutôt, devrais-je dire, de « nous-mêmes » puisque je m’inclue dans ce constat, même si j’y travaille !
Cet obstacle, ce sont nos propres lubies perfectionnistes…
À force de vouloir tendre vers la perfection, finalement on se ralentit, on a du mal à aller au bout de nos idées ou projets, voire pire, on est complètement paralysées…
D’où vient cette pression que l’on se met toute seule ?
Pourquoi peut-elle être si paralysante ou si ralentissante ?
Mais surtout, comment se libérer du perfectionnisme, quand il devient un poison ?
Tu me diras, d’un côté, le perfectionnisme, ce n’est pas si mal, pourquoi vouloir s’en débarrasser…
C’est juste une volonté de bien faire les choses, on cherche à se dépasser, à apporter des produits ou des services au top pour nos clients, et puis, de toute façon, comment faire autrement, quand on a à faire ses preuves, à montrer notre professionnalisme ?
Mouais… Jusque là, à priori, pas de quoi s’affoler, si ce n’est que cette pression de « devoir faire ses preuves » est discutable quand on décide justement d’être son propre patron. (Mais c’est un autre sujet…)
Mais il faut savoir que certaines formes de perfectionnisme peuvent t’engager dans un cercle vicieux.
Nous allons faire un état des lieux des problématiques qui peuvent en découler pour pouvoir les identifier et surtout les prévenir :
1. On s’imagine souvent devoir faire beaucoup plus que nécessaire.
Il y a des détails que nous sommes seules à remarquer et sur lesquels, on peut passer des heures d’angoisse, de stress, de travail acharné pour au final être épuisée, découragée, baisser les bras.
Pour illustrer ce que j’avance, dernièrement, lors d’une séance individuelle de remobilisation, une cliente me parle de son incapacité à avancer sur son projet à cause de l’esthétique de son site qui ne lui convenait pas, qu’elle ne trouvait pas assez joli et donc, selon elle, pas assez pro. Je lui ai donc demandé de se remémorer la dernière fois où elle avait trouvé un contenu ultra intéressant et marquant sur le web. Elle eut un souvenir très rapidement, d’un site où elle avait trouvé des infos très précieuses et qu’elle avait beaucoup aimé. Tu sais quoi ? Elle m’avoue alors que ce site était carrément moche.
Conclusion : elle a pris la résolution de se concentrer sur le contenu de son site, de son concept, qui plus est, très intéressant et prometteur, pour pouvoir aider un maximum de personnes et au plus vite, grâce aux solutions qu’elle propose. Elle concentre donc son énergie sur ce qui est réellement prioritaire plutôt que sur les détails de mise en page, de présentation, qui lui prenaient des heures, qui ne la passionnaient pas et qui au final, étaient en train de la décourager.
Bref, pour des détails sur lesquels on fait une fixette, on peut vite perdre en efficacité, en productivité et par prolongement, devoir rallonger son temps de travail, voire empiéter sur sa vie privée.
2. Lorsque notre perfectionnisme nous amène à ralentir ou stopper ce que l’on entreprend, on peut glisser petit à petit vers une dévalorisation de soi.
On met la barre tellement haut que l’on n’y arrive pas, logique ! Ou du moins, on se convainc que l’on ne peut pas y arriver. En bonne perfectionniste, on a tendance à se juger sévèrement après ces sentiments d’échecs, d’inefficacité ou d’incompétence et il n’y a pas mieux pour perdre en estime de soi.
3. Notre rapport aux autres peut aussi en pâtir… Lorsque l’on en vient à ne plus pouvoir déléguer quoi que ce soit à cause de ses exigences, que l’on ne sait plus faire confiance aux autres. Lorsque l’on ne sait plus éprouver de sentiment de satisfaction, que l’on souffre de ne pas pouvoir avancer comme on le voudrait… On devient de mauvaise compagnie, toujours préoccupée, susceptible.
Bon, tout ça, ça ne rassure pas…
>>> Pour savoir si le perfectionnisme dont tu fais preuve te nuit plus qu’il ne te fait avancer, je te propose de te poser quelques questions. Et attention : je compte sur toi pour y répondre en toute honnêteté :
♦ C’est quand, la dernière fois que tu as été fière de toi et satisfaite de ton travail ?
♦ C’est quand, la dernière fois que tu t’es récompensée suite à une tâche accomplie et que tu as pu te détendre ?
♦ C’est quand, la dernière fois que tu as pu déléguer une tâche ?
♦ C’est quand, la dernière fois que tu as eu l’impression de terminer un travail rapidement et efficacement (vite fiat, bien fait) ?
♦ C’est quand, la dernière fois que tu t’es sentie légitime, là où tu devais être, dans ton travail ?
♦ C’est quand, la dernière fois que tu n’as pas eu peur du jugement des autres ?
♦ C’est quand, la dernière fois que tu as pris plaisir de A à Z à travailler sur un projet pro que tu avais décidé de mener ?
>>> Si tu as du mal à répondre à l’une de ces questions ou bien si la réponse est bien loin dans le temps… Il est peut-être temps de lâcher prise et de prendre du recul vis-à-vis de tes envies de perfection !
Tu as conscience que tu pousses le bouchon un peu trop loin ?
Bonne nouvelle, le plus gros du travail est fait car tu le reconnais.
Tu vas pouvoir maintenant t’inspirer de ce qui suit…
Tout de suite, right now ! Je te propose quelques pistes dans lesquelles piocher pour te libérer d’un perfectionnisme trop envahissant :
- Une perfectionniste excessive ne laisse pas de place à l’erreur, qu’elle vivrait comme un échec énorme. Mais finalement, on pourrait remplacer le mot échec par « tentative ». On ne peut pas regretter d’avoir essayé. Le contraire, si…
Alors si tu essayais de ne pas t’infliger plus de souffrance que nécessaire ? De te mettre tout simplement dans une dynamique d’essayer ?
Essayer, cela implique « faire », « passer à l’action ». Donc, pas de place à la paralysie, il faut agir, pour voir ce que ça donne.
Si tu es dans une logique de toujours vouloir mieux faire, justement, il n’y a rien de tel que de pouvoir tirer des leçons de tes expériences. (Encore faut-il en faire !) Tu pourras ajuster au fur et à mesure ta pratique, l’optimiser, l’améliorer.
L’expérience est un passage obligatoire pour progresser. Choisis donc l’action, même imparfaite, avec quelques « erreurs » de parcours, plutôt que de t’enliser dans des exigences dont tu ne pourras pas sortir et qui ne vont rien t’enseigner.
- Ose, malgré tes peurs de ne pas faire assez pro, de ne pas être légitime car tes connaissances ne sont pas parfaites, ton expérience pourrait être plus complète… Car dis moi, QUI peut prétendre à cela ? Il nous reste toujours à apprendre, à progresser, c’est le travail d’une vie !
Dis toi que contrairement à d’autres, toi, tu es là, tu fais, tu entreprends des choses.
Oser, ne signifie pas agir à la perfection. C’est tout simplement essayer, comme abordé dans le point précédent, et c’est déjà en soi, honorable.
Oser procure déjà en soi une certaine légitimité.
T’entraîner à oser te familiarisera avec cette démarche et ne fera que raffermir ta confiance en toi.
- Engage-toi : déjà envers toi-même ou si cela ne suffit pas, auprès d’une tierce personne ou même publiquement.
Mets-toi au défi de proposer tel produit ou service, à lancer telle nouveauté, à publier ton site au autre dans un certain délai.
Tu seras ainsi obligée de t’y tenir, même si une fois le travail achevé, il n’est pas aussi parfait que tu le souhaitais.
Certes, il faudra que tu fasses de ton mieux, pour ne rien regretter mais si tu détermines un délai raisonnable pour accomplir cette tâche et que tu t’es engagée à le respecter, il faudra de toute façon que ton engagement prenne le pas sur les petits détails qui te titillent.
- Si tu es aussi perfectionniste vis-à-vis de ton travail, c’est qu’il a une certaine valeur à tes yeux, n’est-ce pas ? Donc n’est-il pas plus important que celui-ci aboutisse, même avec quelques imperfections, plutôt que pas du tout ?
- Choisis de te perfectionner, plutôt que d’être perfectionniste, nuance.
Te perfectionner va passer par l’expérience. Il s’agit de t’améliorer, de gagner en connaissances et en savoirs-faire moyennant un passage à l’action.
En revanche, avec un perfectionnisme poussé, on peut ne rien faire, être paralysée et finalement, ne rien apprendre.
- Fais le point sur tes réelles priorités de façon très pragmatique, en te posant ce genre de questions : Qu’est-ce qui est le plus efficace ? Qu’est-ce qui me permet d’obtenir le plus de résultats ? Qu’est-ce qui est le plus important aux yeux de mes clients ? (…)
- Remplace cette petite voie : « si tu veux faire quelque chose, fais le bien ou ne le fais pas » par « fais de ton mieux, ou ne le fais pas« .
Nuance importante également : Si au final, tu ne fais rien, tu pourras avoir des regrets. Mais si tu fais de ton mieux, tu ne pourras pas en éprouver.
- Garde en tête que le perfectionnisme nuit à la création. Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement ?
Si tu souhaites proposer des choses nouvelles, imaginatives, uniques, il n’y a donc pas de cadre ou de modèle déjà établi auquel se conformer. Au contraire, c’est là que les imperfections deviennent intéressantes…
» J’ai toujours trouvé de la beauté dans des choses singulières et imparfaites – elles sont beaucoup plus intéressantes. » Marc Jacobs
- Opte pour des objectifs réalistes, concrets et mesurables. Tu pourras ainsi apprécier les avancées, les réussites et les savourer !
Par prolongement, tu auras envie de continuer, tu resteras motivée, tu auras le sentiment de faire un travail valorisant, source de gratitude et non l’inverse.
Privilégie des objectifs pour lesquels tu peux voir clairement s’ils sont atteints, pour que l’accomplissement de chaque étape soit perceptible et que cela puisse t’encourager.
- Réconcilie-toi avec toi-même : apprends à mieux te connaître en prenant du temps pour toi, afin de mieux cerner tes limites, tes priorités, tes besoins et apprendre ainsi à ne pas être aussi exigeante.
Ne te maltraite pas, sache être une boss conciliante et flexible avec toi-même, pour apprécier pleinement les avantages d’être une travailleuse indépendante.
>>>
J’espère de tout cœur que cet article t’apportera, ne serait-ce qu’un peu de soulagement, de lâcher prise vis-à-vis de ton éventuel perfectionnisme… Et si tu en connais à qui ces conseils pourraient être profitables, partage-les, c’est cadeau !
La rédaction de cet article m’aura pris un certain temps, il m’aura demandé pas mal d’introspection, entre autres, car moi aussi, il m’arrive d’être victime de mon propre perfectionnisme !
Je pense que le simple fait de poser par écrit tout ça, m’aura fait du bien. En avouant que oui, j’ai tendance à fonctionner ainsi et que si je me permets de donner des conseils, j’ai intérêt à les suivre !
Miryam - Busy-women.fr
Je me soigne, moi aussi doucement de ce perfectionnisme ^^
C’est un des nombreux auto-saboteurs qu’on peut avoir, si tu ne l’as pas déjà lu : Etes-vous votre pire ennemi ? de Ana Sandrea devrait t’intéresser 😉
Ambitions Plurielles
Merci pour ta visite Miryam et pour ton commentaire,
Oui, on se sert les coudes dans cette lutte contre l’auto-sabotage !!!
Merci pour cette référence que je ne connaissais pas et qui a l’air bien intéressante 😉
Au plaisir d’échanger de nouveau, bonne semaine,
Manon
françoise
bravo, j’ai pris plein de notes et merci pour ces mots qui me sont salutaires particulièrement en ce moment ! on trouve toujours ce dont on a besoin finalement !!! dire aussi que le perfectionnisme peut être un bon aiguillon et qu’il demeure aussi » un mal nécessaire « , toujours ombre et lumière à doser !!!
Ambitions Plurielles
Merci pour ta visite Françoise, oui en effet, comme pour tout, il faut savoir doser ! Le perfectionnisme peut avoir des côtés positifs, si l’on sait les déceler et s’en servir à bon escient, c’est good ! 😉
Samira
Merci pour cet article ! Je me suis reconnu dans tes propos en particulier sur mettre la barre trop haute et finalement ne rien faire…..
bon la bonne nouvelle c’est que ca se soigne , n’est ce pas 😉
Ambitions Plurielles
Oui, ça se soigne ! 😉 Je pense qu’on apprend avec le temps et l’expérience à miser sur ce qui est réellement essentiel pour être plus efficace que parfaite dans son travail…
Pour cela, il faut savoir se remettre en question, faire des bilans et c’est ainsi que l’on avance !
Merci pour ton message en tout cas Samira et au plaisir !
Obara
Merci beaucoup pour cet article. Je suis violoniste et enseignant artistique. Il va me servir et m’encourage pour la suite de mes activités ! Sebastien
Ambitions Plurielles
Avec plaisir ! Ravie qu’il puisse être utile !
Merci pour le commentaire !
Manon